zondag 30 oktober 2011

De plus

A l'hôpital de Beni Mellal, les malades n'ont pas droit, malgré la somme de 250 dirhams par jour qu'ils payent, à des draps de lit.

Or, lorsque le Roi a visité pendant une semaine, la région de Beni Mellal, il a visité, accompagné de la Ministre de la Santé, l'hôpital. Vous l'avez sans doute vu à la télévision. Or, vous avez été témoin d'un miracle: ce jour-là et uniquement ce jour-là, les responsables de l'hôpital ont sorti Dieu sait d'où, des draps de lit. Ils les ont uniquement donné aux malades qui feraient l'objet d'une image à la télé.

Et d'autres miracles se sont produits ce jour-la: les ascenseurs ont été mis en marche, quelques endroits ont vu passer une couche de peinture, ci et là, on a mis une ampoule.

Tout cela pour faire croire au Roi et à la Ministre que l'argent que le Royaume donne à l'hôpital, n'est pas perdu.

Or, il est perdu. Il se perd quelque part. Pour quand l'enquête?

zaterdag 22 oktober 2011

Lettre ouverte à Mme Yasmina Baddou, Ministre de la Santé (publique) au Maroc, licenciée en droit

Objet: le bidonvillagement de l’hôpital public (centre hospitalier régional) à Beni Mellal

Madame,

Même Dieu ne sait pas de quel droit vous avez été nommée Ministre. Dans un état de droit, seul un élu peut l’être. D’ailleurs, vous l’avez compris, voulant vous présenter aux élections suivantes. Toutefois, vous l’êtes et dans ce chef, vous êtes la responsable principale et finale de la gestion des hôpitaux publics du royaume du Maroc.

La santé, au Maroc, ne serait-elle pas publique? Les hôpitaux du Ministère de la Santé (publique, donc), ne seraient-ils pas publics?
La santé étant un droit de l’homme, elle est un bien public. Vous qui avez étudié le droit, le comprendrez.

Je viens maintenant aux faits qui font l’objet de la présente lettre ouverte.

En la dernière semaine du mois de septembre 2011, Mme Fatma Baddou – El Zerrari, âgée de 75 ans, a été hospitalisée à Beni Mellal, audit hôpital public. Elle fut hospitalisée au cinquième étage, l’étage supérieur du bâtiment. Elle devait descendre à plusieurs reprises à l’étage –1 pour des examens. Il n’y avait pas de personnel pour la descendre, ni de brancard, ni d’ascenseur (les deux ascenseurs du bâtiment ne fonctionnent plus depuis des décennies). Il ne restait que le monte-charges, où manquait l’ampoule pour l’éclairer. (voir photo).
Des membres de la famille l’ont emmenée dans une chaise roulante par le monte-charges, qu’ils devaient d’abord trouver et, grâce à une lampe de poche, activer.

Le soir, le bâtiment est lugubre. Dans les escaliers, aucun éclairage ne fonctionne. Aux étages, parfois on trouve deux lampes qui fonctionnent, parfois aucune.

Tout cela vous semble exagéré? Certains le trouveront ridicule mais le ridicule ne tue plus. Toutefois, à la maternité, la même semaine, deux bébés ont trouvé la mort lors de l’accouchement.

Comment est-ce possible?

Nous en venons maintenant aux causes et aux remèdes. La gestion de l’hôpital est déléguée au niveau de la région et de la province. Toutefois, aucun mécanisme de contrôle ne fait partie de cette délégation, de sorte que des êtres, pas des extraterrestres bien qu’ils y ressemblent, venus d’une autre époque, font dévier les fonds publics destinés à la gestion. Vous connaissez ce mal, certes. Vous savez, en tant que juriste, qu’il s’agit d’un délit.

Le but de ces êtres n’est autre que le bidonvillagement de l’hôpital. À la longue, spontantément, le bâtiment ressemble de plus en plus à une bidonville, alors que le royaume du Maroc a lancé un projet en vue de liquider les bidonvilles. C’est pourquoi il faut comprendre que les gestionnaires des fonds publics du Ministère de la Santé publique viennent d’une époque où la bidonville était de règle.

Comment y remédier? Je puis vous signaler, Madame la Minister, que je sais de très bonne source que le Maroc a signé la convention des Nations Unies pour la lutte contre la corruption. Eh bien, les remèdes s’y trouvent. Il va de soi que, si vous voulez obtenir un vote suffisant aux prochaines élections, vous pourrez arrêter dès demain ce processus de bidonvillagement et l’inscrire à votre palmarès. Sinon, vous savez que ces jours-ci, il y a parfois d’autres personnes qui prennent la chose publique en mains, tout en chassant les irresponsables qui sont supposés être les responsbles.

Sachez, Madame la Ministre, que la présente lettre n’est inspirée que par l’estime que nous vous portons depuis votre nomination. En tant qu’ancien porte-parole du Ministre de la Santé publique du royaume de la Belgique, je sais qu’il ne sera pas facile de vous y mettre. Mais le temps presse. Les élections sont prévues à une certaine date et il est peu probable que cette date ne soit reportée.

Nous vous prions, Madame la Ministre, de bien vouloir agréer l’expression de nos sentiments les meilleurs.

(les deux photos illustrant la présente lettre datent de la dernière semaine du mois de septembre 2011)